Un peu d'histoire ...

Le métier de restaurateur existe depuis la deuxième moitié du XVIIIe siècle


C'est dès l'antiquité que l'homme a cherché à pallier aux dégradations inéluctables que subissent les œuvres d’art, soit en repeignant dessus soit en remplaçant l'œuvre elle-même. Du moyen âge au XVIème siècle, la Restauration des œuvres peintes était confiée à des artistes peintres. Dans les Flandres, le conservateur s'appelle Rubens et Van Dick est l'intendant des collections royales en Angleterre. C'était un travail minutieux, strict et digne, confié à l'atelier, le maître se réservant les tableaux aux signatures les plus prestigieuses. Les historiens de l'art regorgent d'exemples de tableaux retouchés par d'autres maîtres, remis au goût de l’époque (voile de pudeur) avec des recettes d'atelier plus ou moins surprenantes pour notre époque, comme l'emploi de matériaux agressifs pour nettoyer un tableau noirci et enfumé, un mélange d'eau et de savon avec une brosse rude ! D'autres suggéraient comme matériaux de nettoyage de la soude mêlée à de la cendre ou de la potasse, de l'alun, du sel mêlé à l'urine, du fiel de bœuf, du vin et de la bière... des matériaux plus anodins mais tout aussi surprenants étaient également utilisés comme la pomme de terre, les oignons et la salive (aujourd'hui remplacée par des enzymes).

 

Au XVIIème siècle, les premiers ateliers de restauration apparaissent mais c'est dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle que se développe des ateliers de restauration à Venise, sous l'autorité de Pietro Edwards en 1778. A Paris, Jean-Baptiste Pierre Lebrun sera nommé Commissaire expert de la République en 1797. Ces deux ateliers avaient déjà l’intuition de restaurations plus douces avec des techniques et matériaux réversibles. A partir du XVIIIème siècle la restauration de tableaux devient un métier à part entière.
D'autres ateliers connurent un grand succès, comme celui de Marie-Jacob Godefroid, situé au Louvre en 1752. Les archives nationales de Paris détiennent une cinquantaine de procès-verbaux ou factures, des extraits de sa correspondance professionnelle démontrant cette envie de pérenniser les œuvres peintes.

 

Au XIXème et XXème siècle, la profession se dote d'une éthique, se forme en histoire de l'art et participe à des colloques. La précision des analyses scientifiques amène les ateliers de restauration artisanaux, avec leur recettes secrètes, à disparaître. Les chartes et les codes déontologiques donnent à la profession une place à part entière. Les avancées et progrès de la pétrochimie proposent aux restaurateurs la possibilité de travailler dans le respect l'artiste, de son œuvre et d'agir de façon minimaliste. De nouvelles exigences, sur lesquelles s’appuient les restaurateurs sont : respect de l’artiste et de son œuvre et honnêteté  historique.
Apparaissent alors les notions de constat d’état, de barèmes pour les interventions de support, de contrôle continu des opérations et de constat de fin de travail.